Brancher la périphérie


2022

#prospective, #projet-urbain, #périphérie-urbaine

C’est une proposition de transformation spatiale du quartier de la gare de Moirans, qui implique des acteur·ices divers et active progressive le parvis à travers la mise en place d’interventions légères.

Le site de projet composé de trois pôles s’inscrit donc dans un contexte territorial en deux temps. La gare est à cheval entre deux mondes qui ne se côtoient pas, la zone s’allume la journée, et l’on retourne dormir dans les pavillons le soir. Entre les deux, les usager·es ne font que passer, même ceux qui voudraient s’y arrêter ne peuvent pas. Les lycéen·nes parlent d’une « table » à quelques mètres derrière le gymnase pour évoquer un lieu où s’asseoir, la distance se transforme en temps : 10 min, c’est trop loin. Finalement, cette zone artisanale et pavillonnaire est figée dans le temps. Nous partons de l’hypothèse que le RER métropolitain va venir intensifier ces usages en étirant et en accélérant le temps. La grille horaire du lieu n’est plus réduite à l’ouverture des bureaux et des usines le matin, au temps de pause du midi et au 17h de fin de journée qui s’étend jusqu’à la fermeture de l’Intermarché. Le RER projeté vient rajouter des horaires qui brouillent les pistes de l’équilibre tranquille et si habituel, presque banal de la zone.

Ces nouveaux horaires vont de pair avec de nouvelles fréquentations, des gens, des usager·es, des voyageur·ses qui vont et qui viennent et qui potentiellement s’arrêtent. Travailler sur la temporalité de ces lieux apparaît alors être une piste intéressante : changer les horaires des lieux signifie aussi changer les habitudes, pour décloisonner cette répartition d’âge, de genre et de pratiques.

Ces intensités périphériques s’incarnent donc dans des lieux qui, mis ensemble, animent les 24h de la zone industrielle de Moirans et permettent à tous·tes de les pratiquer de manière concomitante. En jouant sur les codes qui font aujourd’hui l’identité visuelle de cet espace, ces lieux viennent jouer sur l’imaginaire d’une périphérie aujourd’hui banale mais qui, ouverte le soir tard, en reprenant quelques codes de l’urbanité revisitée, peut devenir branchée.

En partant du constat qu’à chaque heure correspond des usages et donc des usager·es, ces lieux ont pour ambition de proposer un programme ouvert à un large public, c’est l’idée de ces lieux d’intensités.