Le Topo ou les premières pierres du projet éditorial d’otopo

Chez otopo nous sommes quelques-un.es à bien aimer écrire et lire et, surtout, on est toustes convaincu.es que l’écriture et autres projets éditoriaux font partie intégrante de la fabrique des territoires. Comme un regard posé du coin de l’œil sur nos pratiques, on a eu envie d’explorer la liberté qu’offre la forme du fanzine. 

On s’est d’abord penché sur les sujets qu’on avait envie d’aborder plutôt que sur la forme, imaginer des rubriques régulières avec l’envie de sortir plusieurs numéros qui se complèteront dans le temps. Et surtout, on avait envie de mélanger littérature et recherche, approche technique et poétique des territoires. On a mis longtemps à trouver un nom, entre nous on l’appelle toujours “l’édito” d’ailleurs, et pourtant ça paraissait logique : “le topo”.

Le Topo, c’est un espace hybride, d’exploration de nos métiers, de notre propre collectif, des manières de faire groupe et territoire ailleurs, mais aussi de formes d’écriture, de récit, de publication qui sortent des circuits traditionnels. L’envie de parler de Grenoble, la ville où on s’est rencontré est arrivée assez vite, et puis en racontant notre propre histoire, parler de l’histoire de la ville et de ses lieux collectifs est devenue évidente, c’est le numéro 00. Otopo est à géographie variable, nomade, sortir ce numéro c’était un peu comme écrire notre maison, à défaut de la construire matériellement. On avait besoin de se définir un QG alors on a écrit son récit.

La matérialisation de l’objet écrit était aussi une étape importante, on avait envie de prendre part au processus d’impression, choisir la risographie nous a permis tout cela. On a imprimé le numéro 00 en 250 exemplaires à l’atelier duplidocus au 102, une après-midi dans la fraîcheur de cette vieille maison de Saint Bruno. Un des membres de l’atelier nous a formé à la technique : création des masters, changements des tambours d’encre… Quelques réglages et beug d’imprimantes plus tard, toutes les pages du topo étaient empilées dans notre remorque de vélo. On remercie l’atelier duplidocus et les quelques étudiant.es de l’ENSAG, stagiaires estivaux du CRESSON qui nous ont aidé ensuite pour l’exercice de pliage (désolé pour les mains bleues) !

On aime l’idée selon laquelle chaque numéro du fanzine serait l’occasion de célébrer un événement, une excuse pour faire la fête et se retrouver mais aussi enrichir d’autres regards le contenu du topo. Alors le 04 juillet 2024, on a organisé le lancement du topo au Bocal d’alternatiba, sur la terrasse sous le figuier près de l’esplanade, celle habituellement occupée par la foire de Grenoble.

Le début de la soirée s’est ouvert sur une table ronde, pensée comme le miroir du fanzine : où des regards extérieurs viennent compléter par leurs paroles les textes d’otopo. Cette discussion croisée entre plusieurs lieux et leurs initiateur.ices ou accompagnateur.rices : Fanny et Seb de la cata, Cécile du Train Fantôme et Walter d’Alternatiba et du bocal. Cette table ronde est venue interroger le rôle des lieux et des espaces dans la création de collectifs de toute nature (collectif d’artistes, collectif militant, collectif de travail…). En partant de l’envie de faire un plongeon dans l’histoire de Grenoble et de ses lieux alternatifs, nombreux depuis les années 1980, il s’agissait alors d’inviter celles et ceux qui ont contribué ou contribue encore à l’émergence et à la vie de ces lieux, à venir discuter ensemble. Nous avons évoqué l’histoire de ces lieux, leurs particularités et leurs ressemblances mais aussi le lien qu’ils entretiennent avec Grenoble, une ville et ses quartiers.

Les invité.es qui nous ont fait le plaisir de partager une soirée de juillet autour d’un micro et d’une table : 

  • Cécile Léonardi : sociologue de formation, enseignante à l’ENSAG, impliquée dans des collectifs à Grenoble depuis 30 ans, a participé à la vie de plusieurs lieux (voire vécu pour certains) : Brise-Glace et Ici-Même (depuis 99), Train Fantôme (2019), Piscine Iris (projet suivi depuis 2019, ouverture juin 2024)
  • Sébastien Fabiani : architecte, membre de l’asso Catalyse qui a créé la Cata, a travaillé avec beaucoup de lieux différents “porteurs d’initiatives collectives ou qui sont aussi les aboutissements d’initiatives collectives” 
  • Fanny  : membre de la Cata, espace créé en 2018, graphiste, traversé d’autres lieux par ses pratiques artistiques et par des pratiques politiques 
  • Walter : membre d’Alternatiba impliqué dans la gestion du Bocal qui a ouvert en 2023, “il est encore à développer”.

La soirée était aussi l’occasion de fêter les 1 an d’otopo, quelques copaines sont venu.es partager des croques-monsieurs et danser sous les guirlandes de la terrasses, on remercie les DJ pavillon et perspective pour nous avoir régalé les oreilles. Depuis, le fanzine est disponible à la librairie les Modernes, rue Lakanal et sur demande (en main propre ou par envoi). 

Six mois plus tard, on a affiné le projet éditorial pour que ce premier numéro ne soit pas une tentative isolée mais vienne poser les premières pierres d’un fil rouge. Ce fil rouge éditorial tourne autour de ce qui nous attache, nous relie aux territoires, des rituels (matériels ou immatériels) définis comme ce qui crée un lien affectif nécessaire à la sensation d’habiter un lieu. Le fanzine explore un double lien : entre les gens, et entre les gens et le territoire ; avec un regard particulier sur l’impact des lieux eux-mêmes sur leurs habitants, en le considérant comme un personnage à part entière. Il s’attache alors à raconter les rituels d’attachement par des interdépendances entre deux organismes : le lieu (entendu dans ses dimensions paysagères, spatiales, biodiversitaires), et les humains qui l’habitent.

Une question traverse tous les numéros : Comment habite-t-on un lieu, un territoire, et comment ce lieu, ce territoire nous habite-t-il aussi ?

Sur la forme, tous les numéros du zine cherchent une manière organique de raconter ses attachements, en croisant les approches littéraires, artistiques, personnelles, militantes, et scientifiques. 

A bientôt pour le numéro 01 !